Il devait être seize heures. Quatre heures de l'après-midi et Chuck était emmitouflée dans ses draps. Elle n'était pas sortie de la journée et malgré que ce soit bientôt Noël, que sa mère préparait la fête annuelle qu'ils organisaient et qu'elle était censée aller faire les boutiques pour repérer ses cadeaux et s'acheter une tenue pour ce jour spécial, elle n'en avait pas le cœur. Pendant semt ans, elle avait fait comme si rien ne s'était passé, comme si elle n'en voulait pas à sa mère d'avoir refait sa vie avec un autre homme que son père, que son premier et vrai amour, que son unique réel époux. Mais aujourd'hui, elle ne se sentait plus la force de faire semblant et la jeune fille douce, gentille et serviable qu'elle était devenue avait complètement disparu. Le seul qui pouvait la sortir de son lit, de cette tristesse habituelle était Red. Sa mère le savait bien et elle l'avait appelé lorsque sa fille l'avait interdit d'entrer dans sa chambre. Le jeune homme qui était son meilleur ami depuis maintenant cinq ans arriva dans les minutes qui suivirent son appel. Sans poser aucune question, il entra dans la chambre de la jolie brune qui ne réagit pas d'un pouce. « Red... J'en peux plus. » L'intéressé s'allongea contre sa meilleure amie et l'enlaça tendrement. Elle laisse aller son visage dans le cou du garçon qui resserra son étreinte. Quelques discrètes larmes s'échappèrent des paupières de l'étudiante. « Ne dis rien, Charlee... Pense juste à toi et moi. Juste ça. » Charlee... Il n'y avait que son père qui l'appelait comme cela. Elle détestait ce nom et les deux seules personnes autorisées à l'appeler comme tel étaient les deux hommes auxquels elle tenait le plus : Son père, Maxim et Red, son meilleur ami. « Je t'aime, Red. » Le jeune homme dégagea quelques mèches brunes des larmes et soupira. « Moi aussi je t'aime. » Leur complicité évoquait beaucoup de soupçons auprès de leurs amis. Aux yeux du reste du monde, ils étaient beaucoup plus que de simples meilleurs amis et ils ne voulaient certainement pas se l'avouer mais c'était faux. Red et Chuck savaient qu'ils s'aimaient énormément et qu'ils tenaient l'un à l'autre comme à la prunelle de leurs yeux. Il n'y avait aucun doute, aucune ambiguïté. Ils entretenaient une relation forte et intense, presque psychique. « Je vais partir... Mon père voulait déménager à Townsville. Alors je vais y aller. Seule. Pas de mère, sans cet abruti de beau-père. Je vais me refaire une vie. » Red, pas réellement surpris ne répondit pas tout de suite. « Charlee... Tu ne devrais pas. Ta mère a besoin de toi. Tout le monde à besoin de toi ici. J'ai besoin de toi, et cet argument devrait suffire à te faire rester à Melbourne. » « Non Red. Je m'en vais. Je... je t'aime tu sais. Mais je ne peux plus continuer à vivre ici. Je n'en peux plus. Tout le monde me voit comme la fille forte et généreuse, intelligente et sensible simplement parce que mon père a perdu la vie quand j'étais plus jeune. Ce n'est pas moi Red. Tu sais comme je suis. Je ne suis pas douce ni sensible. » « Bien sur que si tu l'es ! » « Non, pas seulement ! Je suis aussi ambitieuse, capricieuse, lunatique... Je... Je veux être moi, rien de plus. » « Alors sois toi ici, pas ailleurs ! » « Je ne peux pas. J'ai une étiquette ! Comme tout le monde ici. Red, je t'aime plus que quiconque sur cette foutue terre. Mais je pars. Aujourd'hui. Maintenant. J'attrape le prochain vol et je pars loin d'ici. » « Tu ne devrais pas, Charlee... » « Viens avec moi ! » « Je... Je ne peux pas ! Je ne peux pas tout quitter du jour au lendemain. C'est impossible. Imagine le mal que tu ferais à tes proches, à ton entourage ! » « Pour la première fois de ma vie, Red, je vais blesser des gens. Tu comprends ? Je n'ai jamais fais de mal à quelqu'un. JAMAIS. Alors c'est décidé. Je m'en vais. Je pense à moi au lieux de penser aux autres. »